LIBAN : TRISTE BILAN

LIBAN : TRISTE BILAN

Elie ! Ce jeune libanais accueilli une année durant dans sa famille en 1987, … Pascal nous en a parlé tant de fois que nous avons l’impression de le connaître.

Et voilà, Elie est là, devant nous pour évoquer son pays. L’enfant que nous avons en tête a, bien sûr, fait place à un homme mûr.

Pascal nous rappelle comment, avec Béatrice, ils avaient été amenés à accueillir ce jeune libanais dont le pays était en guerre ; hébergement qui avait duré le temps d’une année scolaire. Après son retour à Beyrouth, alors que la guerre faisait toujours rage, sept longues années avaient suivi sans avoir aucune nouvelle de lui. 30 ans plus tard, ils avaient pu l’accueillir à nouveau. Les retrouvailles sur le quai de la gare Lille-Europe avaient été émouvantes, mais, surtout, l’enfant avait, fait place à un adulte, donc difficile à reconnaître… La même année, un peu plus tard, les nordistes se retrouvaient dans le « pays des Cèdres », heureux de faire connaissance avec la famille de leur protégé et de constater sa réussite professionnelle. Quelques jours après leur retour, débutait la crise diplomatique libano-saoudienne, suivie d’une crise économique sans précédent.

  Pascal et Elie : la joie de se retrouver

 Après avoir remercié le club de l’accueillir, Elie rappelle que son pays est régulièrement victime d'une catastrophe.

En 2005, après l’assassinat de Rafiq Hariri, le Liban se débarrasse de l'influence syrienne. Par la suite, le pays doit faire face à une arrivée massive de réfugiés syriens fuyant la guerre civile : 2 millions de syriens pour 4 millions de libanais !

S’ensuit une crise politique et économique avec la faillite des banques et la fuite des capitaux.

L’explosion du port de Beyrouth en 2020 frappe la moitié de la ville. Elie, lui-même, est blessé et plusieurs de ses connaissances sont tuées.

La vie quotidienne est perturbée par le manque d'électricité (juste 2 ou 3 h par jour). Il en est de même pour l'eau qui est impropre à la consommation. Comme il n’y a plus de banques, tout règlement doit se faire en espèces (et, de préférence, en dollars !). L'inflation est galopante : le SMIC libanais était à 1000 dollars avant 2019, il correspond maintenant à l’équivalent de 76 dollars !

Les réfugiés syriens sont aidés par l'Europe et ne veulent pas rentrer en Syrie. Il y a 15 naissances syriennes pour 10 naissances libanaises ce qui, parmi d’autres éléments, entraîne une exaspération des Libanais.

Les institutions sont bloquées. Comme il n’y a plus de président de la République, il n’est pas possible de former un gouvernement.

Mais Elie souligne que les Libanais sont résilients et leur foi les fait espérer en des jours meilleurs*. Il aime son pays dont il dit qu’il est beau avec ses montagnes enneigées et le bleu de la mer.

 Flandre 40ème sait recevoir

 Notre orateur répond à quelques questions pour satisfaire la curiosité (légitime) de son auditoire (passionné).

A propos de son activité professionnelle : il était traiteur et dirigeait une douzaine de personnes, il travaille maintenant avec son frère.

A propos de l'état d'esprit des Libanais : ils désirent ardemment la paix et ne se sentent pas concernés par la guerre d'Israël avec le Hamas et sont piégés par le Hezbollah.

A propos des rapports entre chrétiens et musulmans : autrefois les chrétiens représentaient 50 % de la population, maintenant, c’est 30% ; mais les musulmans ont besoin des chrétiens pour leur valeur culturelle et pour être le trait d'union entre chiites et sunnites

A propos de l'apport de la France : ses concitoyens aiment beaucoup la France qui leur a construit des hôpitaux, des écoles et des routes.

A propos des Libanais de l'étranger : ils sont 10 à 12 millions et aident beaucoup financièrement leur pays.

A propos des relations avec la Turquie et l'Egypte : elles sont bonnes, mais plus difficiles avec Israël notamment en raison d’un contentieux sur les zones d'exploitation, en mer, du gaz et du pétrole.

A propos des cèdres (symboles du pays) : certains ont 3000 ans !

A propos de certains aspects économiques divers et variés : le pays compte 3 stations de ski, il exporte de l'artisanat, des produits agricoles et des vins (pour les œnologues avertis, les meilleurs étant le Kefraiya et le Ksara)

A propos de la langue : d’abord l'arabe, puis le français ; il est à noter que, à l'école, les cours de math et de sciences sont donnés dans notre langue (N.D.L.R. : je n’ai pas trouvé comment on dit « cocorico » en arabe…).

 La conversation s’est poursuivie pendant tout le déjeuner qui a suivi : Elie a quand même pu manger et apprécier la gastronomie française…

Qu’il soit remercié pour sa venue et son passionnant propos.

* N.D.L.R. : les (très) nombreux abonnés à ce blog et (innombrables) lecteurs assidus (et passionnés) savent que le responsable de la publication du blog pour Flandre 40ème (en l’occurrence moi-même) n’est pas avare de jeux de mots parfois, non… souvent (voire toujours…), douteux ; c’est le cas du titre de cette rubrique usant d’une anagramme simpliste ; les propos d’Elie en conclusion de son intervention sont plus optimistes que le titre de l’article ne le laisse supposer ; c’est encourageant et nos vœux sont de les voir se réaliser ; le Liban  a longtemps été décrit comme l’un des plus beaux pays du monde, surnommé la « Suisse de l'Orient » ou « le pays où coulent le lait et le miel » et l’un des pays riches du Moyen-Orient : espérons, pour Elie et ses congénères, que cela redevienne la réalité.                         

Crédit texte : Pascal

Crédit photos : Jean-Claude et Pierre

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